Stockage des déchets

Un choix politique si peu transparent

 

Les trois sites pour accueillir les futures décharges de l'agglo ont été choisis par le conseil d'agglomération le 14 juin. Mais Georges Frêche n'a pas répondu aux critiques des élus Verts et des habitants de Guzargues, quant à la méthode qui a abouti à cette décision.

 

Un an de mobilisation et de polémiques autour du choix des centres de stockage des déchets ultimes (CSDU) de l’agglo. Sans résultat. Rien n’a arrêté le rouleau compresseur de la majorité socialiste au conseil communautaire du 14 juin. Par 72 %, les élus ont approuvé les 3 sites sélectionnés, à savoir : Castries, Teyran et Guzargues. Seuls les élus de Castelnau-le-Lez ont voté contre.  Neuf élus Verts n’ont pas pris part au vote car ils souhaitaient un vote séparé pour chaque site.


Question centrale
Jean-Louis Roumégas, élu Vert de Montpellier, justifie cette demande par le refus de voter pour Guzargues, site qu’il juge « très beau et d’une grande valeur environnementale ». Avant d’enfoncer le clou : « Des atouts semblables ont justifié le retrait de plusieurs sites dans l’agglomération. » Bref, des critères de choix, différents, auraient été appliqués aux nombreux sites pressentis. Et ce, pour des raisons politiques qui demeurent obscures. Exactement ce que reprochent les habitants de Guzargues à l’agglo. Et ce que nous a indiqué Nicole Stamm lors de l’entretien qu’elle nous a accordé le 8 février 2005. L’élue Vert, initialement en charge du dossier, évoquait alors : « Les petits arrangements entre amis plutôt que l’intérêt général, la transparence et une étude basée sur des critères incontestables. » Elle reproche en particulier à l’exécutif de l’agglo d’avoir abandonné le comité mis en place pour piloter le projet et d’avoir fait fi des études techniques d’évaluation des différents sites.
Mais que ce soit en conférence de presse de présentation des dossiers, ou en conseil d’agglo, la tactique de défense de Georges Frêche reste identique : « Les écolos ont des amis à Guzargues. » Mais le président de l’agglo ne répond pas à la question centrale de l’absence de transparence et de cohérence dans la gestion du dossier. Ni au « cynisme » que lui reproche Jean-Louis Roumégas.
Pas d’études détaillées
C’est pourtant le même Georges Frêche qui déclarait à propos de la constitution de la communauté urbaine : « Pour le Pays de Lunel j’ai essayé de donner des gages en enlevant Saturargues de la liste des CSDU potentiels. » (1) Comprendre : je t’enlève Saturargues et tu rejoins l’intercommunalité. Réponse du président à Jean-Louis Roumégas qui évoquait cette déclaration : « La presse me fait dire tout et son contraire. La vérité c’est dans le rapport. » Midi Libre appréciera. Mais que dit ce rapport ? Que Saturargues a été retiré de la liste uniquement pour des raisons hydrologiques. Problème : Nicole Stamm affirme n’avoir jamais eu connaissance des études détaillées appuyant ce retrait.
George Frêche balaye les oppositions : « Moi je fais honnêtement de la politique. » Et stimulé par un Jean–Louis Roumégas compatissant qui déclare : « Je comprends que vous subissez du chantage », le président répond : « Je ne subis pas de chantage. Celui qui me fera chanter, il n’est pas né. C’est très compliqué, je ne veux pas rentrer dans le détail. Je suis obligé de tenir compte de beaucoup de paramètres. Mais je ne peux pas, pour rattraper le paramètre X, sacrifier le paramètre Y, Z et W. » On l’aura compris, le choix d’un CSDU est une équation à beaucoup d’inconnues.
Jacques-Olivier Teyssier

 

(1) Midi Libre, 4 mai 2005

 

Dernière minute : le préfet vient de rejeter les deux sites de Teyran et Guzargues. Ce qui va contraindre l’agglo à relancer la recherche d’au moins un site. Nous y reviendrons.

 

 

 

(texte publié dans le numéro 2 de l'Accroche paru le 27 juin 2005)

 

 

Publié le23 février 2006

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