Vélo
La pente est raide et la route pas très droite
Suite à l'entretien avec le président de Vélocité publié dans notre numéro 1, nous revenons sur la politique du vélo à Montpellier. Le chemin est encore long et sinueux vers des modes de déplacements doux.
Louis Pouget avoue se déplacer rarement en vélo. En
revanche, l’adjoint au maire en charge de la voirie, dit regarder « attentivement les cyclistes et les piétons ». Mieux, quand on lui demande s’il
est prêt à faire un tour à bicyclette avec l’association Vélocité, il répond :
« Il n’y a aucun problème de ce côté-là. Même les services ont eu des consignes
pour être à leur disposition. » Ce ne sera pas du luxe, tant les points de vue
semblent éloignés.
Deux visions de la ville
Déjà, l’élu n’apprécie pas que l’association ait
utilisé la mort d’un jeune cycliste, il y a un an avenue de Lodève, pour faire
avancer ses revendications. D’autant que, selon lui, cet accident n’a rien à
voir avec l’aménagement en cause.
« On n’a rien utilisé du tout, on a juste
utilisé la date », répond
Luc Nourigat, un brin de mauvaise foi. Avant
d’affirmer que le décès est « lié à un aménagement » sans lequel « le
comportement de l’adolescent aurait été différent ». Problème : le jeune
descendait alors que le danger existe surtout dans la montée. C’est à dire quand
les vélos avancent lentement et que les voitures, impatientes, tentent de
doubler dans une voie étroite.
Deuxième point de désaccord : l’aménagement de cette avenue. Vélocité demande la
création d’une piste cyclable montante pour palier un séparateur de voies
qu’elle juge « accidentogène » (voir notre numéro 1). Pour Louis Pouget, il n’en
est pas question car cela implique la suppression de places de stationnement et
de platanes. Luc Nourigat pense, lui, qu’il n’est pas nécessaire de supprimer
des arbres. Quant au premier point, le président de Vélocité déclare : « A un
moment, il faut faire des choix politiques. » Et sur la solution de l’adjoint de
faire passer les cyclistes par les Arceaux, Luc Nourigat est plus cinglant : « On voit qu’ils ne font pas de vélo. » Car les sens interdits obligent, lorsqu’on
vient du cours Gambetta, à emprunter le bas de l’avenue de Lodève pour ensuite
rejoindre les Arceaux.
Plus grave, à entendre les deux parties, on constate que ce sont deux visions de
la ville qui s’affrontent. Vélocité utilise l’avenue de Lodève comme un exemple
« qui montre qu’on ne veut rien céder aux cyclistes » et demande que la priorité
soit donnée au vélo. A l’inverse, celle de Louis Pouget, c’est la « fluidité du
trafic ». Et l’élu de citer l’exemple de la rue Saint–Louis qui relie les
Arceaux à l’avenue de Lodève. Pour l’élu, supprimer une voie de circulation sur
cet axe de « liaison inter quartiers » pour faire une piste cyclable et élargir
les trottoirs, c’est lui « demander l’impossible ». Et il dénonce ceux qui font
des « schémas sur un bout de papier » sans avoir une vision globale des
contraintes.
Jacques-Olivier Teyssier
(texte publié dans le numéro 2 de l'Accroche paru le 27 juin 2005)
Publié le 23 février 2006